lundi 23 août 2010

les photos sont arrivées !

Je n'en ai pas pris beaucoup. J'en ai sélectionné encore moins pour ne pas engorger le cyber-espace. Il n'y en pas de Rhodes et de la suite pour cause de perte/vol de mon appareil photo. Mais, si vous voulez regarder quelques photos, elles vous attendent !
http://picasaweb.google.com/benicano

lundi 9 août 2010

4250 ! ... et fin !

Après la Crète, il y a encore bien Rhodes, dernière étape avant la Turquie. La surprise de retrouver Anne, une ancienne collègue des Jeux olympiques d'Albertville, sur le ferry, accompagnée d'une amie et de leurs enfants. 2 jours passés ensemble avant qu'ils ne s'envolent pour la France. L'incroyable ville médiévale de Rhodes à l'intérieur de ses murs colossaux. L'auberge de jeunesse et les rencontres qu'on ne fait pas quand on dort dans les bois. Le tour de l'île, sous une chaleur de plus en plus impitoyable. La fête du prophète Elias dans un de ses petits monastères perché sur un promontoire, bien-sûr (puisque tous les sommets portent le nom de ce prophète !). L'invitation de Pavlos à séjourner chez lui. Les kitesurfs, à Prasonisi, qui me disent qu'il n'y a pas que le vélo dans la vie et qu'il serait peut-être temps de passer à autre chose. Alors, repartir pour quelques semaines en Turquie ou bien rentrer ?
Le roman de l'appareil photo : perdu puis récupéré après diverses péripéties grâce à mon adresse email laissée à l'intérieur, et à la probité de ceux qui l'avaient récupéré. Mais reperdu quelque part entre un cyber-café situé 2 km avant l'aéroport et l'embarquement. Et cette fois, point de probité salvatrice. Donc pas de photos de Rhodes !

Le cap des 4000 km est franchi peu avant... Aoste. Oui, ce n'est ni en Grèce ni en Turquie ! J'ai pris l'avion pour Milan. 330 km devant moi pour rejoindre Albertville via le col de petit Saint Bernard. Alors que je remonte le vélo et son chargement en salle de récupération des bagages, il se met à pleuvoir, à 1h du mat. Ce sera donc nuit à l'aérogare. Mais au lever, c'est toujours la pluie, le genre de jour où le soleil ne se montrera pas. Du jamais vu depuis des mois, pour moi ! Pas de doute, c'est le retour ! Je n'enfourche le vélo qu'à 14h, après une matinée de désespoir et de lecture dans le hall des départs. Finalement, l'après-midi sera sèche et j'aurai fait mes 105 km dans la journée. Remontée de la vallée d'Aoste et attaque du col, le lendemain. Puis, au petit jour, derniers kilomètres du col que j'atteins le premier parmi les cyclistes. Et dans la descente, je découvre où ils sont, les cyclistes. Là, par dizaines, à affronter le petit Saint-Bernard en ce samedi, comme probablement tous les autres cols de nos Alpes. En une heure de descente, j'aurai vu plus de cyclistes, 3, 4, 5 fois plus de cyclistes que pendant les 3 mois et demi précédents ! J'ai l'impression d'être de retour dans ma famille ! Le bon pain français, avec de la compote de pommes, sous les parapentes de Bourg-saint-Maurice. Guy qui est venu me retrouver en vélo couché pour le final. Mais il va tellement plus vite que moi (en descente à cause de son aérodynamisme, en montée à cause du poids de mon chargement) que nous ne pouvons pas rouler de concert. Et après un "lift" en voiture, avec Nicole, jusqu'au péage de l'Isle d'Abeau, le dernier sprint de 25 km. J'ai annoncé à mes parents qui me croient en Turquie un appel à 22h30 pour les tenir éveillés. Il faut donc filer à travers ce coin d'Isère sur lequel tombe la nuit. Avec 5 minutes d'avance, je sonne à la porte. Fin de 3 mois et demi de tribulations.

dimanche 8 août 2010

Cyclistes, où êtes-vous ?


La Grèce, à la météo imperturbablement bonne en cette saison, en bordure de l'Europe, ses sites archéologiques et ses sites naturels... je me disais que je rencontrerais probablement des camarades cyclistes, avec qui, peut-être, faire un bout de route.

Il aura fallu plus de 2 semaines pour que je croise Georgios. Il habite au Canada, Montreal je crois. Et vient tester des huiles d'olive pour les vendre là-bas. Et il cherche aussi à racheter un troupeau de chèvres pour sa retraite au pays. Alors, il a accroché un sac de voyage sur un vieux vélo et, en tenue de ville, il explore, en ne manquant pas les petits troquets de villages !

Après 3 semaines, je rencontre Petra (voir "Anastasia", et photo), ma première véritable voyageuse à vélo. Petra a stocké son fourbis dans un petit local en Allemagne et, quand elle rentrera, elle devra loger chez des amis ou se louer un logement. Elle n'est pas bien aventurière, Petra ; elle tourne en rond toute la journée en attendant le ferry pour la Crète, inquiète et ne sachant comment passer le temps ; et, en Crète, elle se précipitera chez une connaissance qui doit la renseigner sur le pays. Mais elle le fait, toute seule, au milieu de la soixantaine, alors, châpeau !

Puis plus personne (sauf bien-sûr "le peloton de France" !) avant Cythère. Là, un Autrichien de 55 ans. 5 ans qu'il s'était acheté une remorque mono-roue dernier cri et n'avait pas eu l'occasion de l'inaugurer. Il s'occupait à plein temps de sa mère en mauvaise santé. Sa mère est décédée autour de Noël et le voilà se lançant à l'aventure. Il n'a pas réussi à s'habituer à son duvet dans lequel il avait l'impression de transpirer continuellement. Il l'a renvoyé en Autriche, avec son matériel de cuisine, tant qu'à faire. Il fait maintenant les hôtels et les restaurants. Mais ces 2-3 semaines étaient un coup d'essai, et il l'a fait.

D'ailleurs, il n'est pas forcément besoin d'être un forçat de la route ni un intégriste de l'autonomie pour voyager à vélo. A Cythère, toujours, un couple de jeunes Italiens, dont madame n'a pas du tout le profil de la sportive, fait aussi du vélo-hôtel-restaurant. Et au débarquement du ferry, en Crète, un dynamique couple de Hollandais mûrs, ne transportant que leurs affaires personnelles fait de même. Et puis un autre couple de jeunes hollandais, avec juste le matériel de bivouac sans la popotte, sur les routes de Crète.

4 jeunes Français de Lannemezan, dont 3 filles, ont le projet de faire le tour de la Crète, probablement en 2 semaines, ce qui les contraint à ce que je trouve le peu intéressant exercice qui consiste à pédaler chaque jour sans avoir le loisir de visiter pour s'arrêter. Mais ils n'en sont qu'à leur deuxième jour. Ils trouvent la chaleur écrasante et envisagent déjà de prendre le bus pour tenir leur programme. Auquel ils ont encore le temps de renoncer pour se donner du temps.

Voilà, les Grecs ne font pas de vélo. Il se dit que, même pour 100 mètres, ils prennent la voiture. Pavlos, tout de même, est là pour le démentir. A Rhodes, alors que je grimpe vers son village d'Askleipio, il descend vers la mer, m'intercepte et m'invitera à passer 3 jours chez lui. Il rêve de partir à vélo et a - lui aussi ! - une remorque qui attend. Mais - lui aussi ! - s'occupe actuellement à temps presque plein de sa mère... Merci Pavlos pour cette halte qui m'a permis de souffler de la chaleur.

Encore quelques Hollandais, un Turc allemand qui revient au pays en vélo en 2 mois et sans doute quelques (rares) autres.

Pour voir des camarades voyageurs à vélo, il faut sans doute aller sur les grands axes mythiques comme la route de la soie, l'Amérique de l'Alaska à Ushuaïa ou celle de Dakar par la Mauritanie...

lundi 12 juillet 2010

3000 !


Le guide du routard conseille de ne pas tenter de "faire" la Crète en entier si l'on n'a qu'une semaine à y consacrer. En 5 semaines, je n'ai pas dépassé une ligne délimitant le quart ouest de l'île... Il est temps que je me cherche des montagnes pour m'extraire de la chaleur. J'envisage les Taurus, en Turquie, que je peux gagner via Rhodes. Donc, direction Heraklion, via Rethymno, pour prendre le ferry pour Rhodes. C'est lors de cette transition que mon compteur vire les 3000 km - en réalité, il n'en affiche que 500 ! Le compteur initial ayant été saccagé à 2500 km, lors de "la nuit où tout a basculé" -.

mercredi 7 juillet 2010

les Allemands ont envahi la Crète


C'était le 20 mai 1941. Et le 27 mai, ordre était donné aux Australiens, Néo-Zélandais et Britanniques qui défendaient l'île, de l'évacuer, même s'ils avaient parfois réussi à contenir l'attaquant, le contraignant finalement à une sorte de victoire à la Pyrrhus.

Depuis, chaque année, comme pour célébrer cet anniversaire, les Allemands envahissent la Crète à l'approche de l'été. L'un deux s'est même étonné auprès de moi : "Mais pourquoi vous venez ici ? Vous avez pourtant la Méditerranée en France !"

Pour réviser votre allemand, outre l'Allemagne et l'Autriche, vous pouvez donc noter la Crète comme destination germanophone.

Sweet life à sweet water beach


Douce vie à la plage sweet water (eau douce).

A une heure de marche de chacun des 2 villages qui l'entourent - ou une demi-heure de l'un d'eux si l'on dispose d'un vélo ou d'une voiture -, la plage sweet water, adossée à une haute falaise, ne serait qu'un endroit de bronzette et de baignade s'il n'y avait des sources d'eau douce sur la plage. Des trous aménagés entre les galets et destinés, pour les uns, à la douche, pour les autres, à y puiser de l'eau à boire, d'autres encore faisant office de réfrigérateurs.

Conséquence, une petite communauté s'installe sur la plage pour y camper. Des habitués - un couple d'Allemands, une Allemande, un Anglais et un Autrichien lorsque je les ai rejoints - qui restent quelques semaines et reviennent tous les ans. Ils cachent, d'une année sur l'autre, leur équipement de camping dans des cavernes fermées par des pierres ! (dans quelques millénaires, des archéologues, retrouvant ces trésors oubliés, tenteront d'expliquer les rites bizarres de cette population qui enterrait du matériel de camping dans des grottes !) En général, ils ne vont faire les courses qu'une fois par semaine, utilisant le bateau-navette qui transporte les usagers diurnes de la plage. Quand ceux-ci sont repartis, le calme et la nuit tombent paisiblement sur la plage sans presqu'aucune lampe ne soit visible. On s'endort et se réveille avec le soleil.

Karl, l'Autrichien, 47 ans, vient là depuis 6 ans. Il ne faut pas se fier aux apparences en ne le voyant pas bouger beaucoup plus que de sa tente aux sources d'eau douce et à la mer. C'est son régime pour 3 semaines. Mais 6 mois de l'année, c'est un impénitent voyageur à vélo. Cette année, il prévoit de partir à vélo d'Autriche pour l'Inde en octobre - bonjour l'hiver à l'est de la Turquie ! - puis de rejoindre la Thailande en avion depuis Calcutta. Et quand il voyage à vélo, c'est pour aller d'un point A à un point B, comme il le dit, en avalant des kilomètres. Le reste du temps, en Autriche, il bricole sa maison. Alors, à sweet water beach, changement de rythme !

mardi 15 juin 2010

Mirage et vague de chaleur


En quittant Elafonissi et ses eaux turquoises, je ne réalisais pas tout à fait que débutait une sévère vague de chaleur. Quelques jours plus tard, en arrivant au restaurant à 21h, le thermomètre de ma montre indiquait 30°C. A 22h30, 31°C ; à minuit 32°C : où va-t-on s'arrêter ?! Une bonne raison pour poser le vélo quelques jours - pas bon pour la moyenne ! - et prendre pension sous un arbre à quelques mètres de la mer, le meilleur climatiseur qui soit.

A Elafonissi, donc, une île qu'on gagne depuis la terre avec de l'eau pas plus haut que les genoux, il n'y a pas d'eau potable. Allais-je devoir déroger à la règle que je m'impose : ne jamais acheter une bouteille d'eau ? Alors que je questionnais un caravanier, le soir, sur le camping sauvage qui semble installé là de longue date en dehors de tout droit, celui-ci me sauva en m'offrant le plein, à partir des jerricans qu'il avait ramenés en nombre. Mais, le lendemain, avant de prendre la route, une piste avec 700m de dénivellée, en plein soleil, pour rejoindre Paleochora, j'étais un peu à sec et l'esprit tiraillé. Je décidais de remplir une gourde de l'eau des douches, ramenée là par camion citerne, et à la potabilité douteuse, et d'espérer que le reste d'eau de mon caravanier me suffirait. Mais les premières pentes renforçaient mes doutes, surtout que je commençais par prendre une fausse piste au milieu des serres. Et c'est là qu'apparaît devant moi - est-ce un mirage ?! - une palette complète de petites bouteilles d'eau de source, éventrée en plein soleil. L'eau est presque bouillante, mais je ne peux cracher sur cette source miraculeuse. J'embarque 4 bouteilles et rend mon eau de douche à la nature. Ces provisions n'auront pas été inutiles. La piste a de sérieux raidillons, des passages ravinés, et c'est un four. Une bataille que je termine au bout de 2 heures en ayant épuisé l'eau miraculeuse.

lundi 14 juin 2010

la nuit où tout a basculé


En réalité, seul le vélo et son bagage ont basculé, sans le pilote, mais pour le cyclo-voyageur, c'est tout !

A Kambos, une petite gorge mène à la mer et, sur les indications de la patronne du bar-épicerie de la place, j'avais estimé pourvoir faire l'aller-retour avant la nuit. Et effectivement, j'étais de retour à la nuit tombante. Je devais avoir une boite de sauce tomate d'ouverte, donc popote sur la place où, à part le son d'un joli film africain épisodiquement interrompu par le match de coupe du monde du moment, on ne pouvait noter que quelques rares passages de voitures.

Mon coucher sous un arbre, juste en retrait de la place, est retardé par 2 voitures de Hollandais cherchant leur location à cette heure tardive. Quelques mouvements de voitures sur la place hâchent encore mon endormissement. Et quelques moustiques... Un bruit sourd, comme un gros sac poubelle qu'on aurait jeté là-haut. Finalement, je décide de monter la tente pour m'isoler des quelques moustiques et de cet univers un peu plus agité que prévu. Je remonte à mon vélo, laissé sur la place à l'emplacement du dîner, pour chercher mes piquets de tente. Et là, plus rien - suis-je bien réveillé ?!- ! Ou plutôt, mon compteur de vélo, un bout de câble et quelques débris par terre ! Rien à l'horizon sur la place. Je jète un regard par dessus le muret de la place qui domine une oliveraie et le départ de mon chemin de la veille vers la gorge. Et je vois, 5 mètres plus bas, étalé sur des branchages, mon équipage ! Je constate que les saccoches arrière ont été défaites avant d'être jetées par dessus bord. La selle n'est plus là. Mais je la retrouve. Les bidons manquent. Ils ont roulé un peu plus bas. Le couvercle de l'un s'est enlevé, mais il n'est pas loin. Finalement, ne manque que mon sandow et, avec un peu de chance, jour aidant, il répondra aussi présent.

Je rassemble tout cela près de ma tente et cherche à éloigner la vision de ce vélo d'abord disparu, puis gisant, pour trouver le sommeil.

Je constate au matin qu'une roue est voilée et me mets à la tâche de la redresser. Le porte-bagages avant a aussi glissé sous le choc et le poids de ses saccoches. Une bonne heure au bout de laquelle le préjudice ne s'élève qu'à un compteur - il me faudra rouler "pour rien" un temps !-, peut-être réparable au fer à souder, et une poignée de frein qui restera tordue.

Je tente d'expliquer ce qui s'est passé à mon aubergiste de la veille qui ne parle que le grec et n'arrive pas à intégrer la scène surréaliste que je lui mime. Elle arrête une connaissance qui passe en voiture pour faire la traduction. Toute retournée et chagrinée pour moi, elle me tend une banane en guise de réconfort alors que je reprends la route !

En réalité, j'avais passé 45 premiers jours sans aucun souci, abandonnant pendant des heures vélo et chargement au beau milieu de places publiques, près de chapelles, ou à l'abri (relatif) des regards. Et absolument rien ne s'était passé. Mais, là, en Crète, c'était le début de quelques incidents. 3 jours plus tard, alors que je m'étais installé au pied d'une maison inhabitée à 2 pas du rivage, puis sur son balcon d'entrée, je me fais réceptionner le troisième soir par le propriétaire voisin qui, d'abord en grec, puis consentant à utiliser l'anglais, m'intime l'ordre d'aller vers lui, puis de lui remettre mon passeport - de quel droit ?! - m'accuse de vouloir voler - alors que la maison est probablement vide et que, de toute évidence, je n'y suis pas entré - et mettre le feu... Un sale accueil que je subis pacifiquement en repliant mon campement.

Après une nuit à la sauvette dans le camping du lieu, je reviens questionner un campeur près de l'endroit dont je me suis fait expulser pour me retrouver une place. Il me conseille un arbre à 30 mètres de lui, dans lequel une cachette a été construite et où se trouvent encore tasseaux et bache plastique, et qui a été utilisée pendant un bon moment sans problème. L'endroit est invisible des passants susceptibles de le longer à 3 mètres. Et voilà qu'après une nuit tranquille, et de retour à mon arbre le soir, je constate que mes affaires ont été fouillées, et après examen de ce qui a été sorti, et de ma mémoire, que mes jumelles, un monoculaire en fait, a été emporté. Comment quelqu'un a-t-il pu détecter aussi rapidement ma présence invisible ? Et comment ne peut-il trouver que mon monoculaire de valable à emporter ? Pour la première question, je ne peux m'empêcher de soupçonner mon campeur conseilleur de l'endroit.

Une dizaine de jours tranquilles, et alors que j'avais trouvé un joli endroit pour me poser dans la ville de la Canée (Chania), à quelques kilomètres du centre, après des nuits un peu sordides sur une sorte de toit, entouré de ventilateurs de climatiseurs n'arrêtant pas de s'arrêter et de redémarrer, c'est bercé par le ressac, sous un petit abri équipant non pas une plage mais comme un quai le long d'un bassin aménagé pour la nage en bord de mer, avec cabine pour se changer et douche, que je m'endors tranquillement. Pris d'une petite fringale vers 3 heures du matin, je me lève pour chercher des biscuits dans mes saccoches laissées sur le vélo posé contre l'abri, à 3 mètres de moi. Les saccoches arrière ne sont plus là ! Je les retrouve à une vingtaine de mètres de là. Fouillées mais re-rangées. Un inventaire me révèle quelques absents : mon rasoir électrique, le chargeur de mon portable (sans doute pris pour l'alimentation du rasoir !), et une enveloppe contenant différents papiers dont mon permis de conduire (pas totalement indispensable à vélo), une carte de crédit (j'en ai emporté 3 : je ne suis pas à la disette) et différents papiers sans valeur pour le voleur. Voilà comment mon camping de rêve à la Canée s'est envolé ! Retour entre les climatiseurs !

Alors, est-ce la Crète, la chaleur, la fréquentation en hausse ? Il semblerait qu'il va falloir être plus méfiant. Même si ma stratégie - ne rien emporter de valeur pour ne pas tenter et moins pleurer si ça s'envole, avoir plusieurs cartes de crédit, dormir avec le portefeuille, l'appareil photos et 3 autres bricoles - a parfaitement fonctionné jusque là. Le reste, ce sont les risques du métier !

vendredi 4 juin 2010

Antikithira (un jour à...)


Déjà, à Cythère (Kithira), nous avions changé de paradigme. Signe évident : il n'y avait presque plus de camping-cars alors que ceux-ci pullulaient dans le Péloponnèse. Ici, l'espèce endémique, c'était la micro-voiture de location. Et c'est là qu'on se rend compte de la richesse du marché des micro-voitures !

A Antikithira, un pas supplémentaire est franchi : il n'y a plus de touriste. Il n'y a d'ailleurs presque plus personne. Comme nombre d'îles grecques qui étaient peuplées de centaines ou milliers d'habitants il y a quelques siècles, ils ne sont plus que quelques dizaines, vieillissants, à Antikithira. Version marine de l'exode rural et de la désertification. Les écoles ferment et la vie se concentre dans le café-épicerie-poste... du village. Avec un regain de vie en été quand les exilés reviennent sur la terre de leurs ancêtres pour quelques semaines.

La vie est rythmée par le passage du ferry entre le Pirée ou Gythio et la Crète. 2 passages dans chaque sens sur 48 heures. Pour le touriste en transit entre Cythère et la Crète, il n'y a que 2 options : rester 1 ou 8 jours. Arrivé à 2 heures du matin (2 heures de retard pour cause de blocage du port du Pirée par les pêcheurs : peut-être une des seules conséquences directes de la crise grecque sur moi), et aussitôt couché près des bateaux de pêche sur le port, j'ai juste eu le temps de sillonner presque toutes les routes et pistes de l'île pour être à 19.30 au port pour rembarquer. Gare à la crevaison de dernière heure. Pénalité de retard : 1semaine !

mardi 1 juin 2010

2000 !


Les crevaisons n'ont pas refroidi mon ardeur exploratrice ! J'ai juste dû renoncer au ferry du surlendemain après la journée de l'horreur ("crevaison mal placée") pour ne pas rester sur cette expérience éprouvante et voir quelque chose de cette île. Et comme il n'y a, grosso modo, qu'un ferry par semaine, c'est donc une semaine que j'ai passée à Cythère ! Un laps de temps qui s'est révélé insuffisant pour épuiser la découverte d'une île qui ne fait pourtant qu'une quarantaine de kilomètres de long et qui, sans forcément avoir d'attraits immédiats évidents, sait ensorceler ceux qui la visitent. Beaucoup y sont pour plusieurs semaines, et peu pour la première fois (Bonjour à Jean-Louis et Elisabeth, les dauphins de Kapsali !).
De piste en piste, et de crevaison en crevaison, c'est finalement sur la fin de mon séjour à Cythère que j'ai franchi la barre des 2000 kilomètres ! Youpie, ça commence à faire sérieux !

jeudi 27 mai 2010

Crevaison mal placée


Je n'avais eu, jusque là, que 2 crevaisons, et encore, de ces crevaisons lentes qui supportent qu'on regonfle le pneu et remette à plus tard sa réparation.
Alors, en ce premier jour sur l'île de Cythère, entre le Péloponnèse et la Crète, où j'ai prévu de passer 2 jours, j'estime que les probabilités sont avec moi lorsque, après 2 km, réalisant que je n'ai pas emporté mon matériel de réparation pour cette sortie à la journée, je décide de poursuivre mon chemin et de compter sur mon étoile.

Las, 1 heure plus tard, le pneu est subitement plat. Il va falloir pousser et je regarde à tout hasard si j'aperçois l'objet du délit afin d'éventuellement l'extraire et éviter des dégats supplémentaires. Point besoin d'Afflelou pour trouver le coupable : une vis est enfoncée de plus d'un centimètre droit à travers le pneu. C'est avec un tournevis cruciforme que je la sors en dévissant !

La dernière route asphaltée est déjà loin derrière moi, sans parler de la route principale qui conduit à mon bagage et mon matériel de réparation : je décide de tenter de rejoindre des villages en contrebas d'où je pourrai faire du stop. J'ai toujours la jambe souffrante de ma chute et si, tant que je suis sur le vélo, je ne sens plus grand chose, je marche d'un boitement très prononcé et douloureux. Mais une piste vers le bas me paraît prometteuse et je m'y engage m'appuyant sur mon vélo que je contrôle avec les freins. Hélas, elle aboutit à une sorte de verger dont il ne ressort rien. Demi-tour mais, cette fois, ça monte ! Je trouve une piste alternative à mi-chemin qui m'évite de revenir sur mes pas puis une autre piste qui descend : une heure a passé. Se déroulant sur une longue crête, que voilà une piste agréable qui ne peut que mener quelque part. Une fourche : l'option de droite s'avère rapidement un cul de sac. Reste celle de gauche où je m'engage fébrilement. Il ne faut pas longtemps pour buter sur la grille d'un pré. Demi-tour toutes. Une deuxième heure a passé lorsque je reviens à l'embranchement de départ. L'envie de manger m'a passé. Je ne suis finalement pas bien loin de mon trajet de l'aller - souvenir du temps béni et insouciant où tout allait bien - et je me fais à l'idée que c'est par là que je devrai m'extraire. Première maison, des appartements de vacances. Une Range Rover immatriculée 75 garée devant ! J'appelle, espérant trouver de l'aide. Seul le silence lourd d'un après-midi de plomb me répond. Des douches dehors, une pergola. Je me dis qu'il ne sert plus à rien de courir contre la montre : la journée est passée. Mieux vaut se remettre en état : un douche bien fraîche au soleil et un déjeuner à l'ombre. C'est dispo que j'entame la longue marche de retour. Encore 5 km à claudiquer, cherchant épisodiquement une âme vivante dans des maisons vides. Finalement, la grand route. Aussitôt, une voiture. Quelques minutes, mon bagage et mon matériel de réparation de crevaisons. Un pick-up, dans la benne duquel j'ai du mal à me hisser, immédiatement dans l'autre sens. 2 rustines (la vis avait traversé la chambre à air de part en part). Et voilà, 5 heures après l'incident, il était clôt !

De fait, le pari d'aller courir les pistes de Cythère sans matériel de secours était, j'allais le comprendre plus tard, suicidaire. Le lendemain, ou était-ce le surlendemain, alors que j'hésitais à réparer immédiatement une crevaison lente à Milopotamos, je décidais finalement de ne pas attendre et profiter d'un petit cours d'eau qui peut être bien utile quand la fuite est peu visible. C'est 3 crevaisons que je trouve ! Et je passe tout le pneu à la pointe du couteau pour extraire les innombrables épines qui s'y trouvent bien et menacent, à un moment ou un autre, de passer à l'acte. Le pneu étant un peu mou en fin d'après-midi, je le désosse encore pour poser une quatrième rustine. Je me dis alors qu'il n'y a pas de raison que le pneu avant, pourtant parfaitement rebondi, ne subisse pas les mêmes affres et effectue un contrôle visuel. Une épine suspecte, démontage, et cinquième rustine de la journée ! Encore 3 crevaisons le lendemain et c'est ma réserve de rustines et de dissolution qui est épuisée ! Je vis un dimanche d'angoisse sur cette île où je ne sais même pas si je trouverai à acheter ces produits, avec une dernière rustine de réserve, un fond de tube de dissolution et une chambre à air de rechange. A la première crevaison, qui a eu le mérite de tarder à venir, c'est retour sur la route. En réalité, toutes les stations-service vendent ce dont le cycliste a besoin et si j'avais croisé plus tôt ces Australiens qui m'en ont révélé le secret, j'aurais pu refaire le plein dès le matin et aller allègrement planter mes 5 épines du jour dans la joie et la bonne humeur.

Moralité, à Cythère, s'équiper de pneus kevlar pour aller chercher les magnifiques plages cachées au bout des pistes !

mardi 25 mai 2010

John


John est néerlandais, 64 ans. Je l'ai connu à Kardamili où il s'était installé près d'Herman qu'il connaissait déjà, et retrouvé quelques temps plus tard à Monemvasia. 40 ans qu'il vient en Grèce en juin ! Et de mars à juin depuis 6 ans qu'il est en retraite. Et de septembre à novembre, c'est sur les côtes portugaises qu'on le trouve. L'hiver, il hiberne au Pays-bas, et s'y met au frais l'été. Il vit dans un Kangoo dont tout un côté est occupé par une couchette et l'autre par des rangements de sa fabrication. La station assise n'est possible qu'en bout de couchette, les pieds sur une planchette qui se déplie à l'horizontale hors du véhicule, les portes arrière du véhicule étant ouvertes. Il a un ordinateur portable notamment pour traiter ses photos, sa passion (voir son site Internet), et ne l'utilise que portes fermées pour ne pas le faire savoir et éviter de se le faire dérober, donc allongé sur sa couchette.
Comme je lui fais remarquer que, dans un fourgon, il pourrait se mettre à l'abri le soir ou quand il pleut, et utiliser son ordinateur, sans devoir s'allonger, il me répond qu'il le sait, qu'il en a eu un et en aura peut-être un, mais que le Kangoo, pour ce qui est des ferries et de la consommation, c'est imbattable. Certes !

lundi 17 mai 2010

Un jour de pluie, un de chute


A part quelques goutelettes échappées de ciels couverts, il n'a fait, dans ce coin d'Europe, qu'un jour de pluie véritable en 2 mois (à suivre !), et encore, une longue matinée plutôt qu'un jour. Plus une grosse averse se prolongeant en pluie un autre après-midi, c'est tout.
Eh bien, ça aura suffi ! Premier jour de pluie, première chute.

Mon pneu avant avait des réactions bizarres. Dans de larges courbes, j'avais senti comme une tendance au dérapage. Or ce n'était pas possible ! J'abordais donc très suspicieux une descente plus raide et étais déterminé à éclaircir la situation dès la première épingle à cheveu. Clarifiée, la situation l'a été instantanément. Arrivé lentement, j'étais déjà par terre. Recroquevillé comme on l'est parfois après un coup, attendant que la douleur ne s'atténue. Mais rien à faire. Quelque chose n'allait pas du côté de la hanche. Par une manoeuvre d'équilibriste, je me remettais sur la selle et, d'une jambe, reparcourais en sens inverse la belle descente que je venais de faire. Un arrêt déjeuner au premier restaurant venu - il ne faut pas se laisser abattre ! - ne voyait guère d'amélioration : je ne pouvais, pour ainsi dire, pas marcher. Et pourtant, il fallait bien que je récupère mes bagages laissés plus haut, et continuer la route vers un endroit "civilisé" où je trouverais ravitaillement et, éventuellement, soins. 40 km à pousser d'une seule jambe avec des côtes épiques, et du vent de face au final. Enfin, une station service pour faire le plein du réchaud à essence et de l'eau. Et un peu plus loin, 3 km avant la ville, une construction abandonnée qui pourrait faire un gîte pour la nuit. Mais c'est un courant d'air. La pinède en dessous à l'air plus accueillante. Il faut que je reconnaisse l'accès car je ne pourrais faire aucune manoeuvre, notamment en direction du haut, avec le vélo. Ce sera descente directe sur l'endroit choisi. Et, là, je sais que je n'en sortirai avec les bagages que remis d'aplomb. Heureusement, mon hôpital de campagne est délicieux de calme, d'ombre et de beauté.

Des jurons pour des glissades sur les aiguilles de pin ou le pied qui bute sur une pierre. Des manoeuvres calculées pour chaque mouvement : s'asseoir, se glisser dans la tente et le sac de couchage, se retourner la nuit, même. Des jours à boiter la mort pour sortir de mon repère, grimper sur le vélo et aller en ville ravitailler, dîner, ou, dans l'autre sens, à la plage. Puis une première tentative de visite dans la vieille ville de Monemvasia, jusqu'à la ville haute ensuite, puis le tour de l'île pour lequel John me prête un bâton de marche sculpté qu'il tient de son grand père, le tour de la ville haute, et je décide, après 8 jours, que je peux reprendre la route. Il y aura encore des arrêts périlleux en montée, lorsque la jambe souffrante ne peut finir son tour de pédale et qu'il n'est pas encore question de la poser par terre sans précaution, des chutes "volontaires" du côté "sain" pour l'épargner lorsque j'aurai repris le VTT sur les pistes, même.

Tout ça pour une petite glissade ! Autant dire que le prochain jour de pluie, c'est repos !

dimanche 16 mai 2010

Anastasia


Couchsurfing, Hospitality club... Des sites Internet pour faire se rencontrer des voyageurs et des locaux qui pourraient les héberger ou simplement leur faire découvrir leur ville.
Seulement, il faut envoyer beaucoup de messages pour avoir des réponses. Il faut savoir quand on sera où. Et il faut Internet, très souvent, pour suivre la progression des réponses, fixer les rendez-vous, et lancer des appels pour les futures destinations. Donc finalement, je ne le fais pas.

Anastasia, elle, le fait pour accueillir du monde.
Mais alors que je bavarde avec Petra, une allemande soixantenaire qui est aussi le premier voyageur à vélo que je rencontre - Petra a mis tout son fourbis dans un petit local et, quand elle rentrera en Allemagne, elle devra loger chez des amis ou se louer un logement -, Anastasia surgit de nulle part au volant de sa petite voiture et intercepte les derniers mots que nous échangeons en allemand après une conversation en anglais. "Spricht man hier deutsch ?". Anastasia est à moitié autrichienne et vit entre Githio, où nous la trouvons, Athènes et Vienne.
Je ne comprends pas tout de la conversation qui se déroule en allemand entre Anastasia et Petra mais, alors qu'Anastasia est repartie, je me fais confirmer par Petra que j'ai bien entendu "couchsurfing" et qu'Anastasia aime recevoir. Que ne nous sommes-nous fait inviter ? Il nous reste heureusement son numéro de téléphone.
Nous enfourchons nos machines, Petra et moi, pour aller à la recherche d'un office du tourisme indiqué par Anastasia mais ne finissons, à l'autre bout de la ville, que par trouver... Anastasia ! En train de fourrager dans des ordures (à Githio, les ordures n'étaient plus ramassées depuis un moment, créant des amoncellements et des odeurs dont je vous épargnerai le détail) pour trouver de quoi réparer son masque de plongée (Anastasia fait de la chasse sous-marine).

Cette fois, plus question de tergiverser. Anastasia est d'accord "pour une nuit" dit-elle, et me conduit, Petra suivant mais réservant sa venue au lendemain, chez elle où je me vois attribuer un appartement indépendant complet avec cuisine, salle de bains, de séjour, et chambre. Le soir, Anastasia cuisine un risotto de poulpe, de sa propre chasse, et se montre très satisfaite du vin que j'ai apporté. Quand je lui règle ses portes de placard de cuisine au matin (une de mes spécialités : n'hésitez pas à faire appel à mes services !), puis que je lui fixe au mur un énorme miroir dans la chambre indépendante où Petra va s'installer, elle est conquise pour que je passe une deuxième nuit. Puis une troisième alors que Petra prend le bateau pour la Crète. Et quand je lui explique l'art et la manière de fixer des pieds de tabouret en bois, c'est la pension pour la semaine que je gagne. Mais il ne faut pas abuser et c'est couvert d'invitations renouvelées que je reprends la route. Le destin du voyageur.

Pour, vous aussi, héberger des voyageurs, ou vous faire héberger : hospitality club, couchsurfing, et même un site spécialisé pour l'accueil des cyclistes (je conseille !) : warmshowers.
D'alleurs, je reçois tout juste un message d'une famille de Rignieux-le-Franc qui part à vélo (la maman et la grande fille de 7 ans en tandem, la petite de 2 ans dans une remorque tractée par le papa) pour un voyage au long cours (Barcelone, Amérique du sud...) et aurait bien passé sa première nuit à St Maurice de Gourdans : www.unefamilleunmonde.com

samedi 15 mai 2010

le peloton de France


Coup de freins dans les rues de Githio, devant l'hôtel Panthéon. Souliers pour pédales automatiques qui claquent sur le bitume comme les sabots d'un cheval. Pour sûr, ce ne sont pas des Grecs. Les Grecs ont inventé beaucoup de choses mais pas encore l'usage du vélo.

Les maillots bariolés ne trompent pas : "Saint-Etienne - Firminy", "la Mégevoise"... C'est un peloton de Français. Formidable, des frères en cyclisme ? Hum... Ce troupeau reçoit chaque matin sa feuille de route. Premier point à atteindre : le restaurant de midi. Second : l'hôtel du soir. Entre deux, des petites échappées, des contre-attaques, des escarmouches qu'on se raconte à l'étape. Pas d'autre arrêt en route que le restaurant donc pas de visite. Sauf Olympie qui était prévue au programme, "au pas de course, en une heure et demie" reconnaîtra l'un des participants. "Le Magne ? Ah non, on n'y passe pas. On n'a que 2 semaines. Pourquoi, c'est bien ?" Un gros bus suit, qui a probablement servi à les amener en Grèce, et qui ne sert plus qu'à transporter les bagages. Du cyclisme au pétrole, donc. Une organisation de la fédération française de cyclotourisme. Un voyage organisé.
Ouf, ils sont passés, repartis, rembarqués depuis longtemps. Reprenons nos tours et nos détours !

vendredi 14 mai 2010

chevaux légers contre char d'assaut


Ces Allemands n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Ils ont posé une caisse de char est-allemand - sans doute un char de transport de troupe, genre notre AMX 10 - sur un camion ouest-allemand. Et les voilà munis d'un camping-car à toute épreuve. Dans la carrosserie, de peut-être un centimètre d'épaisseur, ils ont percé quelques fenêtres. La porte arrière se ferme comme une écoute de sous-marin. Et il y a une marche d'un bon mètre vingt à escalader pour gagner l'habitacle (escalier disponible sur demande). Pour le poste de conduite aussi, d'ailleurs : avant tout mouvement d'entrée et de sortie, il vaut mieux s'assurer qu'on a bien pensé à tout pour ne pas avoir à y revenir ! L'ordinateur est allumé en permanence à l'avant et le GPS trace la route suivie en direct sur les différents fonds de carte ouverts en parallèle.

Ils le reconnaissent, c'est plutôt un véhicule pour l'Afrique que pour le Péloponnèse (consommation dans les 20 litres aux cent). Mais au moins ont-ils les moyens de m'offrir une bonne bière fraiche (sans alcool) sur la route de Githio !

mercredi 12 mai 2010

1000 !


Le sérieux d'un voyage à vélo s'étalonne aux tours de compteur. Alors, il faut célébrer le premier 1000 km. Les roulettes ont tourné sur une route quelque part au bout du Magne (doigt central du Péloponnèse), dans cet endroit où les maisons sont des tours et où tout semble s'être figé dans une éternité de bout du monde. Je ne sais plus combien de temps avait passé depuis le départ, peut-être 2 semaines et demi. C'est vrai, je n'étais qu'à 300 km par la route de mon point de départ - et encore, dont 80 parcourus en train ! - et pourtant, foi de compteur Décathlon de Bologne, j'avais déjà exploré 1000 km de routes et de pistes, avec ou sans bagages, pour aller chercher le pain ou pour aller chercher l'aventure.

(y a des moments où je m'émeux moi-même de la beauté de ce que j'écris ? Ca vous dresse pas les poils, vous ?!!)

mardi 11 mai 2010

Sarkozy, very good !


- Vous êtes d'où ?
- Ego ime gallos. ("je suis français" : oui, nous sommes toujours des Gaulois pour les Grecs, qui eux sont des Héllènes)
- Sarkozy ! Sarkozy, very good !

C'est peu dire que la côte d'amour de Sarkozy dans le Péloponnèse est élevée. S'il se présentait à une élection ici, c'est le succès total qui l'attend. Alors que...

Un vrai bonheur d'être français en Grèce en ces temps de crise. D'ailleurs, Sarkozy, il a bien raison de dire aux Grecs qu'on veut les aider après s'être assuré que la mère fouettarde Merkel ne le voulait pas car, au final, on ne mettra ni plus ni moins la main à la poche que les Allemands, mais, nous, on sera... aimés ! Et c'est vrai que les Allemands doivent avoir les oreilles qui sifflent. Est-ce une raison pour annuler leurs vacances en Grèce comme il se dit partout qu'ils le font ? Je ne vois pas le rapport.

Toujours est-il que faites comme moi : venez en vacances en Grèce en ce moment ! Il n'y a pas grand monde (avec le super sans plomb 100 à 1.80 €, les Grecs n'ont plus les moyens de bouger). Et si comme moi, vous injectez 10 € par jour dans l'économie grecque, ce sera un très beau geste citoyen de soutien !

dimanche 9 mai 2010

le miracle de Mystras


Oui, Mystras est un miracle en soi, un endroit extraordinaire.
Mais ici, c'est des petits miracles du quotidien qu'il s'agit.

Sorti de ma cave du 1er mai avec le soleil, je goûte la toilette en terrasse avec l'eau chauffée sur mon réchaud à essence. La route jusque Sparte. Un tour en ville, à l'antique acropole et au théâtre, avec pique-nique dans les ruines, au musée archéologique. Ce que je craignais se précise : le site de Mystras ferme à 15h et il est déjà 13h45. Je pédale comme un échappé du tour de France les quelques kilomètres qui séparent Sparte de Mystras mais ça ne semble déjà plus en valoir la peine.

Le guichetier m'accueille en français : "C'est votre jour de chance !" Ah ?! "On m'a appelé ce matin pour me dire que je devais restais ouvert jusque 20 h (mais je récupèrerai un autre jour !)". Formidable, alors un billet, s'il vous plait. "Et aujourd'hui, c'est entrée gratuite ! C'est votre jour de chance, c'est un billet de loto que vous devriez acheter !". Une rallonge de 5 heures pour visiter Mystras. Elle était bien nécessaire ; j'y ai passé 4 heures et demi !

vendredi 7 mai 2010

Premier mai pas chômé


C'est Herman qui m'a soumis à la tentation : escalader ce sommet au-dessus de Kardamili qui est le point culminant du Péloponnèse : Profitis Ilias (Prophète Elias), 2407 m. Une bonne moitié des sommets du Péloponnèse, et sans doute de Grèce, s'appelle Profitis Ilias. Un sacré montagnard, assurémment, que ce prophéte.

A l'occasion de ses séjours prolongés, Herman a trouvé un itinéraire original d'accès au sommet. J'enfourche le vélo pour 750 m de grimpée sur route et laisse là une de mes saccoches que je reprendrai au retour, où je continuerai cette route à flanc de coteaux à travers les villages. Puis 800 m de grimpée sur piste jusqu'à un col. 250 m de descente et de remontée. Soit une bonne journée à 1800 m de dénivellée dont la majorité sur piste ! Nuit près d'une chapelle. Départ de bon matin pour les derniers 850 m d'ascension à pieds. A 9h15, j'agite les bras pour qu'Herman valide mon sommet à la jumelle depuis sa plage.

Une redescente tranquille, un petit casse-dale de midi. Et je remonte en selle pour la descente. Mais tout a changé. C'est le 1er mai ! Les Grecs n'ont pas la réputation d'être des acharnés du travail, mais ce sont des furieux du 1er mai. Dans le petit hameau de bungalows en tôle ondulée déserté la veille, c'est barbecues et banquets de partout. Musique locale en fond. Tout un monde monté de la ville se mettre au frais. Je suis invité à manger, à boire, à repartir avec 1/2 litre de blanc de production locale dans une bouteille en plastique. Et quelques kilomètres plus bas, re-banquet et danse sur la terrasse du café de la place du village. Et encore une assiette qu'on me tend... Ce soir-là, ce ne sera pas la peine de lancer mes habituels spaghettis au ketchup ! Et comme je comprends que je n'irai décidément pas jusqu'à Sparte dans la journée, j'accepte une chambre, façon cave, éclairée à la bougie, qu'on me propose dans le village.

Ah oui ! Parce que, ayant réalisé que j'avais franchi la crête des Taygètes et que la Laconie me tendait les bras à l'opposé de Kardamili, j'avais conçu d'abandonner mon bagage là où je l'avais caché, de descendre sur Sparte et visiter Mystras qui, sinon, ne se trouvait pas naturellement sur mon trajet, et de revenir sur Kalamata par une belle route de montagne, histoire d'aller retrouver Herman à Kardamili. Tout cela n'aurait dû prendre que 2 jours, mais... sacré 1er mai !

(Pendant ce temps-là, Herman arpentait vainement le côté "Kardamili" de la chaîne en VTT pour m'intercepter sur mon chemin de retour ! Et mon bagage, lui, aura attendu une semaine au milieu de la montagne, que je daigne passer le prendre en reprenant la route !)

jeudi 6 mai 2010

Herman


Je laisse filer la petite famille de Vizille. Fini le camping-car... Vraiment fini le camping-car ?

En arrivant à Kardamili, je trouve Herman installé au bord de la plage de galets dans son... camping-car ! Pas le modèle de 7 mètres équipés comme un Sheraton mais un bon cru de 25 ans d'âge, sans communication entre le poste de conduite et l'habitacle, repeint en vert par ses soins, dont il a démonté le cabinet de toilettes ("à quoi ça sert ?") pour gagner de la place et installer sa bibliothèque. Il m'explique qu'il passe quelques semaines ici, que personne ne lui a jamais rien dit et qu'il n'y a aucune difficulté pour moi à camper dans le coin. Ainsi débute ma carrière de campeur sauvage grec.

Herman a toujours vécu dans son camping-car ! Même quand il avait une copine en Allemagne, il camping-carisait dans son jardin (à elle), la maison étant trop petite ! Il arrive en Grèce, tous les ans, au début de l'hiver (novembre) et en repart en juin. Il surveille son budget : 200 € par mois, en comptant un restaurant par semaine (avec un budget de 5 € par jour lorsque je fais ma cuisine, je valide ses chiffres !). Plus les trajets aller et retour. Il n'a quasiment pas de frais kilométriques sur place car il reste des semaines au même endroit et ne fait des bonds que de quelques dizaines de kilomètres. Et il va chercher le pain à vélo. En été, il cherche un petit boulot en Allemagne pour financer son séjour en Grèce de l'hiver suivant.

Herman est un amoureux de la nature. Nous sympathisons et passons 2 jours à remonter des gorges à pieds, descendre des pistes en VTT. Mais comme je suis encore un peu speed en ce début de périple, je l'abandonne pour d'autres altitudes (voir "premier mai pas chômé"). Mais pour revenir bientôt. Et nous reprenons nos virées. Herman trouve que je devrais rester un peu. Je trouve qu'il devrait bouger sa coquille pour que nous explorions un peu plus loin. Je le laisse à sa plage de galets. Pas d'email, pas de téléphone, pas d'adresse : pas gagné que je le retrouve un jour, si ce n'est sur un coin de côte du Péloponnèse. Fallait-il rester, fallait-il partir ? Le voyage est fait de rencontres et de séparations.

mercredi 28 avril 2010

Alain, Marie, Enora, Rémi


Et ça commence par une histoire de... camping-car !
Camping-car, quand tu nous tiens ! (la poisse pour ceux qui n'aiment pas les histoires de camping-cars !)
4 jours / 3 nuits à faire jeu égal avec un camping-car. Pas mal, non ?!
Nous nous sommes aperçus au camping, 20 km au sud de Patras. Direction Olympie le lendemain. Il est vrai qu'en prenant le train sur 80 km dans une plaine inintéressante (2.90 € : c'était une aubaine à saisir avec le train de 6h45), j'ai un peu triché (la seule fois, promis, juré !). Puis 20 km pédalés pour atteindre dignement le sanctuaire des dieux du sport, en tête, devant le camping-car ! Nous nous retrouvons au camping. Après le ramassage des oranges avec les enfants le lendemain matin, départ en ligne. Mais l'étape est prévue pour 110 km. Il me faut me battre et comme nous n'avons pas opté pour le même camping, je ne suis pas sûr d'avoir relevé le défi. Mais le lendemain, nous nous retrouvons lors de la visite des ruines de Methoni. Enora est toute contente. Je suis en train de devenir le gentil tonton qui réapparait à loisir. Déjeuner au restaurant ensemble. Et je prends un peu d'avance pour la grimpette qui suit. Après la visite de Koroni, quand je me pointe au camping, Enora est toute fière de m'inviter à dîner.

Comme moi, cette petite famille de Vizille débutait son périple, prévu pour 5 mois, avec un tour vers l'est jusqu'en Russie. Et comme moi, ils en étaient encore timidement à fréquenter les campings, respectueux de la loi grecque qui interdit le camping sauvage. Ce sera mon cinquième et dernier camping. La loi est décorative et la liberté n'a pas de prix. J'espère qu'ils auront aussi trouvé la clé des champs.

vendredi 23 avril 2010

passage obligé


Pas de voyage en vélo sans un passage chez le vélociste du pays d'accueil ! Celui de Tucuman avait lancé notre randonnée en Amérique du sud sous les auspices les plus sympathiques (je reçois d'ailleurs à l'instant un mail d'Horacio vers qui vont mes pensées) (voir mon blog d'Amérique du sud).

Et ici, c'était plus que nécessaire. En vérité, ce vélo avait été bricolé dans la panique. Montage dans la douleur du porte-bagages et des saccoches avant commandés sur Internet à la dernière minute. Montage du porte-bagages arrière ayant nécessité quelques sciages et colliers pour pallier l'inadaptation. Emprunt des pneus d'un VTT récupéré à la déchetterie par mon père (bien joué, pa !). Visite au Décathlon de Bologne pour un antivol, un compteur et un porte-bidon qui veuille bien partager l'espace avec celui déjà en place. Montage de tout cela et échange discret des pédales du VTT paternel pour pouvoir installer des cale-pieds (rien mouffeté ? Merci, Daniel !) au camping d'Ancône. Et restaient encore 2 problèmes "majeurs". Une fourche téléscopique avant bloquée depuis des lustres, à changer. Et un développement trop long pour les montées, nécessitant un changement des plateaux.

Merci à Pedros, mon vélociste de Patras qui m'a trouvé une bonne fourche d'occasion pour une bouchée de pain. Et pour les plateaux, on verra ! Et finalement, à force de mollets et de zigzags en montée, ils sont toujours là ces plateaux ! (le zigzag, c'est bon pour le kilométrage et pour la moyenne, alors, puisqu'il n'y a pour ainsi dire pas de circulation sur les petites routes grecques, pourquoi s'en priver ?!)
Après une demi-journée de montage et réglages à Patras, cette fois, c'est parti !

jeudi 22 avril 2010

C'est reparti ... à vélo !


Enfin, ça commence en camping-car car, saisissant l'occasion de la traversée de l'Italie par mes parents en partance pour la Turquie, je me suis fait mettre sur orbite à Ancône. Et moyennant une nuit de ferry, me voici déjà à Patras, dans le Péloponnèse sans avoir donné coup de pédale !

J'en profite pour saluer le sympathique groupe ACCCF qui a accepté le passager clandestin en son sein. Et tout particulièrement Daniel et Gisèle avec qui nous avons fait route 3 jours. Et, Michel, l'organisateur-chef, préséance oblige ! (quand je dis "Michel", j'embrasse Lilyane !). Et finalement, tout le monde ! Même mes parents, sans qui rien de tout cela n'aurait été possible et...

Ce départ camping-carisé n'a pas manqué de provoquer en moi quelques réflexions (à vélo, on a largement le temps de méditer !) dont je ferai part plus tard (histoire de ne pas fâcher d'entrée toute une frange potentielle de mon lectorat !).

Mais pour le moment, adieu le lit douillet dans le poste de conduite du camping-car et les moelleux coussins du salon, et en selle !

(et toi, ami lecteur, à ton clavier : un petit commentaire signalant un passage sur une de mes histoires me fera toujours plaisir !)