lundi 23 août 2010

les photos sont arrivées !

Je n'en ai pas pris beaucoup. J'en ai sélectionné encore moins pour ne pas engorger le cyber-espace. Il n'y en pas de Rhodes et de la suite pour cause de perte/vol de mon appareil photo. Mais, si vous voulez regarder quelques photos, elles vous attendent !
http://picasaweb.google.com/benicano

lundi 9 août 2010

4250 ! ... et fin !

Après la Crète, il y a encore bien Rhodes, dernière étape avant la Turquie. La surprise de retrouver Anne, une ancienne collègue des Jeux olympiques d'Albertville, sur le ferry, accompagnée d'une amie et de leurs enfants. 2 jours passés ensemble avant qu'ils ne s'envolent pour la France. L'incroyable ville médiévale de Rhodes à l'intérieur de ses murs colossaux. L'auberge de jeunesse et les rencontres qu'on ne fait pas quand on dort dans les bois. Le tour de l'île, sous une chaleur de plus en plus impitoyable. La fête du prophète Elias dans un de ses petits monastères perché sur un promontoire, bien-sûr (puisque tous les sommets portent le nom de ce prophète !). L'invitation de Pavlos à séjourner chez lui. Les kitesurfs, à Prasonisi, qui me disent qu'il n'y a pas que le vélo dans la vie et qu'il serait peut-être temps de passer à autre chose. Alors, repartir pour quelques semaines en Turquie ou bien rentrer ?
Le roman de l'appareil photo : perdu puis récupéré après diverses péripéties grâce à mon adresse email laissée à l'intérieur, et à la probité de ceux qui l'avaient récupéré. Mais reperdu quelque part entre un cyber-café situé 2 km avant l'aéroport et l'embarquement. Et cette fois, point de probité salvatrice. Donc pas de photos de Rhodes !

Le cap des 4000 km est franchi peu avant... Aoste. Oui, ce n'est ni en Grèce ni en Turquie ! J'ai pris l'avion pour Milan. 330 km devant moi pour rejoindre Albertville via le col de petit Saint Bernard. Alors que je remonte le vélo et son chargement en salle de récupération des bagages, il se met à pleuvoir, à 1h du mat. Ce sera donc nuit à l'aérogare. Mais au lever, c'est toujours la pluie, le genre de jour où le soleil ne se montrera pas. Du jamais vu depuis des mois, pour moi ! Pas de doute, c'est le retour ! Je n'enfourche le vélo qu'à 14h, après une matinée de désespoir et de lecture dans le hall des départs. Finalement, l'après-midi sera sèche et j'aurai fait mes 105 km dans la journée. Remontée de la vallée d'Aoste et attaque du col, le lendemain. Puis, au petit jour, derniers kilomètres du col que j'atteins le premier parmi les cyclistes. Et dans la descente, je découvre où ils sont, les cyclistes. Là, par dizaines, à affronter le petit Saint-Bernard en ce samedi, comme probablement tous les autres cols de nos Alpes. En une heure de descente, j'aurai vu plus de cyclistes, 3, 4, 5 fois plus de cyclistes que pendant les 3 mois et demi précédents ! J'ai l'impression d'être de retour dans ma famille ! Le bon pain français, avec de la compote de pommes, sous les parapentes de Bourg-saint-Maurice. Guy qui est venu me retrouver en vélo couché pour le final. Mais il va tellement plus vite que moi (en descente à cause de son aérodynamisme, en montée à cause du poids de mon chargement) que nous ne pouvons pas rouler de concert. Et après un "lift" en voiture, avec Nicole, jusqu'au péage de l'Isle d'Abeau, le dernier sprint de 25 km. J'ai annoncé à mes parents qui me croient en Turquie un appel à 22h30 pour les tenir éveillés. Il faut donc filer à travers ce coin d'Isère sur lequel tombe la nuit. Avec 5 minutes d'avance, je sonne à la porte. Fin de 3 mois et demi de tribulations.

dimanche 8 août 2010

Cyclistes, où êtes-vous ?


La Grèce, à la météo imperturbablement bonne en cette saison, en bordure de l'Europe, ses sites archéologiques et ses sites naturels... je me disais que je rencontrerais probablement des camarades cyclistes, avec qui, peut-être, faire un bout de route.

Il aura fallu plus de 2 semaines pour que je croise Georgios. Il habite au Canada, Montreal je crois. Et vient tester des huiles d'olive pour les vendre là-bas. Et il cherche aussi à racheter un troupeau de chèvres pour sa retraite au pays. Alors, il a accroché un sac de voyage sur un vieux vélo et, en tenue de ville, il explore, en ne manquant pas les petits troquets de villages !

Après 3 semaines, je rencontre Petra (voir "Anastasia", et photo), ma première véritable voyageuse à vélo. Petra a stocké son fourbis dans un petit local en Allemagne et, quand elle rentrera, elle devra loger chez des amis ou se louer un logement. Elle n'est pas bien aventurière, Petra ; elle tourne en rond toute la journée en attendant le ferry pour la Crète, inquiète et ne sachant comment passer le temps ; et, en Crète, elle se précipitera chez une connaissance qui doit la renseigner sur le pays. Mais elle le fait, toute seule, au milieu de la soixantaine, alors, châpeau !

Puis plus personne (sauf bien-sûr "le peloton de France" !) avant Cythère. Là, un Autrichien de 55 ans. 5 ans qu'il s'était acheté une remorque mono-roue dernier cri et n'avait pas eu l'occasion de l'inaugurer. Il s'occupait à plein temps de sa mère en mauvaise santé. Sa mère est décédée autour de Noël et le voilà se lançant à l'aventure. Il n'a pas réussi à s'habituer à son duvet dans lequel il avait l'impression de transpirer continuellement. Il l'a renvoyé en Autriche, avec son matériel de cuisine, tant qu'à faire. Il fait maintenant les hôtels et les restaurants. Mais ces 2-3 semaines étaient un coup d'essai, et il l'a fait.

D'ailleurs, il n'est pas forcément besoin d'être un forçat de la route ni un intégriste de l'autonomie pour voyager à vélo. A Cythère, toujours, un couple de jeunes Italiens, dont madame n'a pas du tout le profil de la sportive, fait aussi du vélo-hôtel-restaurant. Et au débarquement du ferry, en Crète, un dynamique couple de Hollandais mûrs, ne transportant que leurs affaires personnelles fait de même. Et puis un autre couple de jeunes hollandais, avec juste le matériel de bivouac sans la popotte, sur les routes de Crète.

4 jeunes Français de Lannemezan, dont 3 filles, ont le projet de faire le tour de la Crète, probablement en 2 semaines, ce qui les contraint à ce que je trouve le peu intéressant exercice qui consiste à pédaler chaque jour sans avoir le loisir de visiter pour s'arrêter. Mais ils n'en sont qu'à leur deuxième jour. Ils trouvent la chaleur écrasante et envisagent déjà de prendre le bus pour tenir leur programme. Auquel ils ont encore le temps de renoncer pour se donner du temps.

Voilà, les Grecs ne font pas de vélo. Il se dit que, même pour 100 mètres, ils prennent la voiture. Pavlos, tout de même, est là pour le démentir. A Rhodes, alors que je grimpe vers son village d'Askleipio, il descend vers la mer, m'intercepte et m'invitera à passer 3 jours chez lui. Il rêve de partir à vélo et a - lui aussi ! - une remorque qui attend. Mais - lui aussi ! - s'occupe actuellement à temps presque plein de sa mère... Merci Pavlos pour cette halte qui m'a permis de souffler de la chaleur.

Encore quelques Hollandais, un Turc allemand qui revient au pays en vélo en 2 mois et sans doute quelques (rares) autres.

Pour voir des camarades voyageurs à vélo, il faut sans doute aller sur les grands axes mythiques comme la route de la soie, l'Amérique de l'Alaska à Ushuaïa ou celle de Dakar par la Mauritanie...

lundi 12 juillet 2010

3000 !


Le guide du routard conseille de ne pas tenter de "faire" la Crète en entier si l'on n'a qu'une semaine à y consacrer. En 5 semaines, je n'ai pas dépassé une ligne délimitant le quart ouest de l'île... Il est temps que je me cherche des montagnes pour m'extraire de la chaleur. J'envisage les Taurus, en Turquie, que je peux gagner via Rhodes. Donc, direction Heraklion, via Rethymno, pour prendre le ferry pour Rhodes. C'est lors de cette transition que mon compteur vire les 3000 km - en réalité, il n'en affiche que 500 ! Le compteur initial ayant été saccagé à 2500 km, lors de "la nuit où tout a basculé" -.

mercredi 7 juillet 2010

les Allemands ont envahi la Crète


C'était le 20 mai 1941. Et le 27 mai, ordre était donné aux Australiens, Néo-Zélandais et Britanniques qui défendaient l'île, de l'évacuer, même s'ils avaient parfois réussi à contenir l'attaquant, le contraignant finalement à une sorte de victoire à la Pyrrhus.

Depuis, chaque année, comme pour célébrer cet anniversaire, les Allemands envahissent la Crète à l'approche de l'été. L'un deux s'est même étonné auprès de moi : "Mais pourquoi vous venez ici ? Vous avez pourtant la Méditerranée en France !"

Pour réviser votre allemand, outre l'Allemagne et l'Autriche, vous pouvez donc noter la Crète comme destination germanophone.

Sweet life à sweet water beach


Douce vie à la plage sweet water (eau douce).

A une heure de marche de chacun des 2 villages qui l'entourent - ou une demi-heure de l'un d'eux si l'on dispose d'un vélo ou d'une voiture -, la plage sweet water, adossée à une haute falaise, ne serait qu'un endroit de bronzette et de baignade s'il n'y avait des sources d'eau douce sur la plage. Des trous aménagés entre les galets et destinés, pour les uns, à la douche, pour les autres, à y puiser de l'eau à boire, d'autres encore faisant office de réfrigérateurs.

Conséquence, une petite communauté s'installe sur la plage pour y camper. Des habitués - un couple d'Allemands, une Allemande, un Anglais et un Autrichien lorsque je les ai rejoints - qui restent quelques semaines et reviennent tous les ans. Ils cachent, d'une année sur l'autre, leur équipement de camping dans des cavernes fermées par des pierres ! (dans quelques millénaires, des archéologues, retrouvant ces trésors oubliés, tenteront d'expliquer les rites bizarres de cette population qui enterrait du matériel de camping dans des grottes !) En général, ils ne vont faire les courses qu'une fois par semaine, utilisant le bateau-navette qui transporte les usagers diurnes de la plage. Quand ceux-ci sont repartis, le calme et la nuit tombent paisiblement sur la plage sans presqu'aucune lampe ne soit visible. On s'endort et se réveille avec le soleil.

Karl, l'Autrichien, 47 ans, vient là depuis 6 ans. Il ne faut pas se fier aux apparences en ne le voyant pas bouger beaucoup plus que de sa tente aux sources d'eau douce et à la mer. C'est son régime pour 3 semaines. Mais 6 mois de l'année, c'est un impénitent voyageur à vélo. Cette année, il prévoit de partir à vélo d'Autriche pour l'Inde en octobre - bonjour l'hiver à l'est de la Turquie ! - puis de rejoindre la Thailande en avion depuis Calcutta. Et quand il voyage à vélo, c'est pour aller d'un point A à un point B, comme il le dit, en avalant des kilomètres. Le reste du temps, en Autriche, il bricole sa maison. Alors, à sweet water beach, changement de rythme !

mardi 15 juin 2010

Mirage et vague de chaleur


En quittant Elafonissi et ses eaux turquoises, je ne réalisais pas tout à fait que débutait une sévère vague de chaleur. Quelques jours plus tard, en arrivant au restaurant à 21h, le thermomètre de ma montre indiquait 30°C. A 22h30, 31°C ; à minuit 32°C : où va-t-on s'arrêter ?! Une bonne raison pour poser le vélo quelques jours - pas bon pour la moyenne ! - et prendre pension sous un arbre à quelques mètres de la mer, le meilleur climatiseur qui soit.

A Elafonissi, donc, une île qu'on gagne depuis la terre avec de l'eau pas plus haut que les genoux, il n'y a pas d'eau potable. Allais-je devoir déroger à la règle que je m'impose : ne jamais acheter une bouteille d'eau ? Alors que je questionnais un caravanier, le soir, sur le camping sauvage qui semble installé là de longue date en dehors de tout droit, celui-ci me sauva en m'offrant le plein, à partir des jerricans qu'il avait ramenés en nombre. Mais, le lendemain, avant de prendre la route, une piste avec 700m de dénivellée, en plein soleil, pour rejoindre Paleochora, j'étais un peu à sec et l'esprit tiraillé. Je décidais de remplir une gourde de l'eau des douches, ramenée là par camion citerne, et à la potabilité douteuse, et d'espérer que le reste d'eau de mon caravanier me suffirait. Mais les premières pentes renforçaient mes doutes, surtout que je commençais par prendre une fausse piste au milieu des serres. Et c'est là qu'apparaît devant moi - est-ce un mirage ?! - une palette complète de petites bouteilles d'eau de source, éventrée en plein soleil. L'eau est presque bouillante, mais je ne peux cracher sur cette source miraculeuse. J'embarque 4 bouteilles et rend mon eau de douche à la nature. Ces provisions n'auront pas été inutiles. La piste a de sérieux raidillons, des passages ravinés, et c'est un four. Une bataille que je termine au bout de 2 heures en ayant épuisé l'eau miraculeuse.