lundi 17 mai 2010

Un jour de pluie, un de chute


A part quelques goutelettes échappées de ciels couverts, il n'a fait, dans ce coin d'Europe, qu'un jour de pluie véritable en 2 mois (à suivre !), et encore, une longue matinée plutôt qu'un jour. Plus une grosse averse se prolongeant en pluie un autre après-midi, c'est tout.
Eh bien, ça aura suffi ! Premier jour de pluie, première chute.

Mon pneu avant avait des réactions bizarres. Dans de larges courbes, j'avais senti comme une tendance au dérapage. Or ce n'était pas possible ! J'abordais donc très suspicieux une descente plus raide et étais déterminé à éclaircir la situation dès la première épingle à cheveu. Clarifiée, la situation l'a été instantanément. Arrivé lentement, j'étais déjà par terre. Recroquevillé comme on l'est parfois après un coup, attendant que la douleur ne s'atténue. Mais rien à faire. Quelque chose n'allait pas du côté de la hanche. Par une manoeuvre d'équilibriste, je me remettais sur la selle et, d'une jambe, reparcourais en sens inverse la belle descente que je venais de faire. Un arrêt déjeuner au premier restaurant venu - il ne faut pas se laisser abattre ! - ne voyait guère d'amélioration : je ne pouvais, pour ainsi dire, pas marcher. Et pourtant, il fallait bien que je récupère mes bagages laissés plus haut, et continuer la route vers un endroit "civilisé" où je trouverais ravitaillement et, éventuellement, soins. 40 km à pousser d'une seule jambe avec des côtes épiques, et du vent de face au final. Enfin, une station service pour faire le plein du réchaud à essence et de l'eau. Et un peu plus loin, 3 km avant la ville, une construction abandonnée qui pourrait faire un gîte pour la nuit. Mais c'est un courant d'air. La pinède en dessous à l'air plus accueillante. Il faut que je reconnaisse l'accès car je ne pourrais faire aucune manoeuvre, notamment en direction du haut, avec le vélo. Ce sera descente directe sur l'endroit choisi. Et, là, je sais que je n'en sortirai avec les bagages que remis d'aplomb. Heureusement, mon hôpital de campagne est délicieux de calme, d'ombre et de beauté.

Des jurons pour des glissades sur les aiguilles de pin ou le pied qui bute sur une pierre. Des manoeuvres calculées pour chaque mouvement : s'asseoir, se glisser dans la tente et le sac de couchage, se retourner la nuit, même. Des jours à boiter la mort pour sortir de mon repère, grimper sur le vélo et aller en ville ravitailler, dîner, ou, dans l'autre sens, à la plage. Puis une première tentative de visite dans la vieille ville de Monemvasia, jusqu'à la ville haute ensuite, puis le tour de l'île pour lequel John me prête un bâton de marche sculpté qu'il tient de son grand père, le tour de la ville haute, et je décide, après 8 jours, que je peux reprendre la route. Il y aura encore des arrêts périlleux en montée, lorsque la jambe souffrante ne peut finir son tour de pédale et qu'il n'est pas encore question de la poser par terre sans précaution, des chutes "volontaires" du côté "sain" pour l'épargner lorsque j'aurai repris le VTT sur les pistes, même.

Tout ça pour une petite glissade ! Autant dire que le prochain jour de pluie, c'est repos !

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